Alors que la France est déjà largement en retard en matière de capacité juridique des pré-majeurs, les récentes révélations de Médiapart et Libération viennent jeter un ombre de plus sur l’engagement des 14-17 ans.
L’affaire est révoltante : une organisation fantoche téléguidée par le ministère et arrosée par des subventions abondantes, des membres adhérents aux jeunes LaREM, de l’argent dilapidé dans des notes de frais dignes des Balkany. Les positions de ce « syndicat » étaient, bien entendu, favorables à la réforme du lycée. On apprend, pire, dans les derniers articles, que le ministère leur soufflait des propositions. Ils devaient alors les formuler publiquement pour faire croire qu’elles venaient des lycéens. Il était ensuite prévu qu’elles soient acceptées dans les « négociations ».
Nous précisions que nous n’avons jamais eu aucun contact avec cette organisation, qui d’ailleurs n’a strictement rien à faire de la pré-majorité. Aucun balbutiement de proposition en ce sens n’en a émané. Ils n’en ont que faire.
La corruption, un problème d’État
Mais le plus choquant, c’est évidemment la corruption : restaurants 5 étoiles, hôtels de luxe… On pensait voir cela n’arriver chez les politiciens blasés qu’après trois mandats de sénateur, deux montres en or et une proposition de pot-de-vin de Vivendi en vue de privatiser une régie municipale de distribution d’eau… Mais non, là, ça commence dès 16 ans.
D’ailleurs, quel plaisir peut-on avoir, à 17 ans, à déjeuner dans un restaurant où l’on vous sert avec des manières et des chichis qui vous mettent mal à l’aise, où les assiettes ont la taille d’une dînette pour poupées, où le vin est déposé dans un seau en argent à trois mètres de la table de façon à ce qu’on ne puisse se servir soi-même ? Juste pour se donner l’impression d’être quelqu’un d’important et jouer les riches? Nous sommes dans une comédie qui ressemble aux Tuche.
A 16-19 ans, on trouve plutôt son plaisir à dévorer des assiettes géantes plats régionaux dans des troquets lyonnais (puisqu’une partie de cette affaire s’est déroulée à Lyon), en dormant sur les Monts du Lyonnais dans une auberge avec vue, par exemple à Yzeron, situé à quelques kilomètres des lieux de rendez-vous lycéens et universitaires de la ville. Le tout pour des frais de déplacements beaucoup plus modestes ; là Médiapart n’aurait rien vu ni n’aurait rien écrit ! Visiblement, les protagonistes ont des goûts de vieux riches incultes et n’ont aucune curiosité.
Yzeron, dans les Monts du Lyonnais
Un tel scandale, en Scandinavie ou en Allemagne aurait fait sauter le ministre en moins de 48h00.
Toutefois, le plus grave n’est pas là. Malgré leurs goûts de vieux riches incapables de trouver leur plaisir douillet dans une auberge de jeunesse et préférant les chambres aseptisées des sofitels urbains, c’est bien l’engagement des jeunes qui est sali. Le risque le plus grand, c’est que l’on considère les jeunes gens pré-majeurs trop immatures pour avoir des responsabilités associatives.
Il faut surveiller toute évolution législative en ce sens. Ces politiciens corrompus, incapables de toute remise en cause, sont susceptibles du pire en rejetant la faute sur les autres. Ainsi, réduire le droit associatif des adolescents pourrait être la réponse de LREM à cette affaire !
Rodolphe DUMOUCH